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Décapitations dans les régions Anglophones/Raoul Sumo Tayo (expert en sécurité): «Il Faut qu’une enquête sérieuse nous dise qui est derrière ces décapitations»

L’expert en sécurité appelle par ailleurs le président Paul Biya à s’intéresser à ce qui se passe réellement dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Les réactions d’indignation se multiplient trois jours après la diffusion de la vidéo montrant la décapitation à la machette de Confort Tumassang au quartier Makanga, département du Fako, région du Sud-Ouest.

Pour Raoul Sumo Tayo, expert en sécurité et chercheur à l’Université de Lausanne en Suisse, il est temps que le président Biya s’intéresse à ce qui se passe réellement au NOSO avec les décapitations.

Dans une réaction publiée dans les colonnes du quotidien Le Jour édition du 14 août 2020, l’expert rappelle que lorsque le président Biya s’est rendu compte, en fin 2014, que les enlèvements d’occidentaux dans la région de l’Extrême-Nord n’étaient pas le fait de Boko Haram, mais plutôt de quelques entrepreneurs locaux identifiés assez rapidement…les enlèvements d’occidentaux se sont arrêtés du jour au lendemain.

Au sujet de la situation actuelle dans les zones anglophones, «s’agit-il de ce que l’on appelle « opération sous fausse bannière », en Anglais « false flag » ?», s’interroge-t-il. Selon lui, «nous devons à chaque fois exercer notre sens critique, ce d’autant plus que les trois principales organisations Amba ont condamné cet acte ignoble. A qui profite ce crime ? A qui profite la mise à mort de cette jeune fille ? Pourquoi maintenant ? Des hommes politiques dont Fru Ndi ont révélé l’existence de Fake Amba créés par des hommes politiques à Yaoundé, pourquoi personne ne s’y intéresse. Faut se méfier des apparences. L’horreur de l’acte ne doit pas nous faire débrancher nos cerveaux pour brancher nos muscles», soutient Raoul Sumo.

Des groupes séparatistes ont rejeté l’assassinat et la décapitation de la jeune femme de Muyuka. «De manière générale, quand ce type d’organisation pose de tels actes d’atteinte à la corporéité ennemie et les filme, c’est à dessein. L’exhibition médiatique de ces actes de violence extrême est très souvent un acte assumé qui relève de la logique de vengeance cathartique d’une part, et de terreur de l’ennemi de l’autre. Il ne serait pas inutile de mettre en contexte cette décapitation odieuse. Elle intervient  au moment où prenant des faucons à défaut, le président Biya a instruit l’ouverture des négociations avec les insurgés. Cela ne fait pas le jeu des entrepreneurs de la violence au NOSO qui, ont intérêt à ce que les choses empirent. Surtout que le gouvernement est attendu. Les marchands de la peur à Yaoundé ont intérêt à ce que le NOSO brûle», écrit-il.

Pour le chercheur, il «faut qu’une enquête sérieuse nous dise qui est derrière ces décapitations. Des individus pourraient mettre en œuvre des pratiques contre-insurrectionnelles d’un autre temps. Ce type de guerre est un choc de légitimité avant d’être un duel de volontés et de capacités. A qui profite le crime ? Cet acte odieux joue clairement en défaveur des Amba et permet de légitimer, urbi et orbi, la contre insurrection. Elle fragilise les Ambazo qui se seraient, selon ton hypothèse, tiré une balle dans le pied car aucun pays au monde ne supporterait un groupe qui pratique les décapitations publiques».

cameroon-info.net

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