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EDUCATION-HAUTS-PLATEAUX: Ou sont passes les médailles des enseignants ?

Depuis le 05 octobre 2022, les récipiendaires du département des Hauts-Plateaux attendent en vain leurs médailles qui ont pourtant été acheminées jusqu’à Baham. Enquête.

L’édition 28 de célébration de la Journée Mondiale des Enseignants -jme – s’est déroulée le 08 octobre 2022,en application des recommandations de l’Assemblée Générale de l’UNESCO le 05 octobre 1966 à Paris. Elle est organisée sous l’égide du PNUD, de l’OIT et de l’IE. Ces trois organisations font toujours un message conjoint sur le thème de la journée pour dresser le cadre et donner les orientations à la réflexion. La JME est également une occasion de célébrer la profession enseignante, le plus vieux métier du monde, sans lequel les sociétés humaines ne peuvent se bâtir harmonieusement. Puisque les enseignants sont à la base de la formation et au plein épanouissement de la personnalité humaine, au progrès spirituel, moral, social, culturel et économique de la collectivité, ainsi qu’à inculquer un profond respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Ils sont donc les formateurs privilégiés des citoyens et de tous les cadres du développement des sociétés. C’est sur cette base que le gouvernement camerounais, pour célébrer à sa manière les enseignants, ces seigneurs de la craie, a instauré les distinctions honorifiques, les Palmes académiques qui s’octroient le 05 octobre de chaque année, par l’autorité administrative du département. Cette année à l’édition 2022 dans la région de l’Ouest, pendant que le Gouverneur procédait à la cérémonie de remise de ces palmes académiques dans la Mifi à Bafoussam, les Préfets dans les départements devaient le faire à leur tour. Or, dans le département des Hauts- plateaux à Baham, le Préfet s’est brillamment illustré par son absence à la place des fêtes. C’est le DDES des Hauts-Plateaux qui a présidé les cérémonies avec sa collègue de l’Éducation de base. Les choses se sont déroulées sans allusion faite aux palmes académiques qui étaient à l’ordre du jour. Alors que le télégramme du Ministre des Enseignements Secondaires, signé le 28 septembre 2022, à Monsieur le Gouverneur de région de l’Ouest à Bafoussam était clair et bien connu. Conséquence logique, aucune médaille n’a été décernée alors qu’il y avait trois (3) chevaliers des palmes académiques et trois (3) officiers des palmes académiques. Le Préfet s’est laissé dire qu’il n’avait pas été invité à la fête et n’avait pas non plus reçu les médailles. Conséquence, les enseignants récipiendaires parés de leurs plus beaux costumes du jour, avec leurs invités et familles, sont rentrés chez eux, la queue dans les jambes, comme des poules mouillées, sans tambour ni trompette, avec la nette impression qu’ils ont eu la médaille de Meka. La seule différence est que Meka a été décoré avant que sa médaille ne se perde. Les enseignants des Hauts-Plateaux ne connaissent ni la forme, ni la couleur de la leur.

Quelle déception ! Quelle honte ! Quelle humiliation !  Quel mépris !    

Qu’est ce qui s’est réellement passé ici alors que le reste du monde et de la république festoyaient ? Comment comprendre cette situation malencontreuse ? A l’analyse, on pourrait dire que c’est une énième humiliation infligée au corps enseignant par l’autorité administrative. Cela traduit à n’en point douter le mépris de ce corps dans notre pays. Le personnel enseignant est souvent minimisé par la société et surtout par l’oligarchie qui gouverne. Ces enseignants sont souvent brimés, opprimés, maltraités et même persécutés. Puisque l’école n’est pas une priorité pour ceux qui gouvernent.‘’or, il ne fait pas de doute que l’éducation constitue à l’heure actuelle, la priorité des priorités à laquelle l’Afrique noire doit faire face’’. C’est là l’exhortation que faisait déjà Jean-Marc Ela dans la plume et la pioche au début des années 1970, qui est encore d’une actualité brulante. Exhortation à laquelle nos gouvernants sont restés jusqu’aujourd’hui sourds. On Peut se demander si cela pourrait se produire dans d’autres admirations publiques que celle de l’enseignement. Que non ! On parlerait de l’insubordination, de la subversion ou du manque de patriotisme surtout à l’occasion d’une cérémonie officielle. Mais l’enjeu ici c’est le règne de la culture d’impunité. Pourtant l’UNESCO recommande aux États partis »que les enseignants bénéficient d’une juste condition et que la profession enseignante soit entourée de la considération publique qu’elle mérite ». Tel n’est pas le cas dans notre cher et beau pays. Impunité quand tu nous tiens !De plus, au-delà de l’humiliation des professionnels de la craie, c’est le dysfonctionnement de tout le système politique qui nous gouverne. En effet, on sait depuis longtemps que le Cameroun fonctionne à la manière de la dialectique hégélienne comme le dit Karl Max, la tête en bas et les pieds en l’air. Ce qui est enjeu, c’est le règne de l’impunité. Dans la même veine, c’est le professeur Ambroise KOM qui dans un récent article fort intéressant, commentant de façon plus éloquente, son ex-collègue de regretté mémoire, le romancier Bernard NANGA dans « les chauves-souris » observe justement : « le pays fonctionne en marche arrière et les « fous » semblent occuper les bureaux administratifs et autres cabinets ministériels. Voilà de quoi notre normalité est faite ». Il poursuit davantage : « au Cameroun, se déplace en marche arrière ou vivre comme des chauves-souris, c’est-à-dire la tête en bas, n’a plus rien de surprenant. Tout cela relève de la normalité ambiante, de « notre » normalité à nous autres Camerounais ». Voilà incontestablement, à quelque chose près dépeint le visage réel du Cameroun de notre contemporanéité et qui interpelle profondément la conscience de vrais patriotes. Autant le dire, le pouvoir s’étant disséminé entre les mains des individus qui en usent et en abusent selon leur bon vouloir contre les citoyens. Ils se comportent fondamentalement comme des « fous » et conduisent le Cameroun dans une marche arrière. Au regard de la misère infligée à ce corps d’élite par les autres, les gouvernants, surtout par ce monde qui est passé par le circuit de l’école, qu’un musicien camerounais s’exclame et s’interroge : « dites-moi, un enseignant devait souffrir dans ce monde, avec tout ce monde qu’il a enseigné? ». Au demeurant, ce qui s’est passé à l’Ouest dans le département des Hauts Plateaux est simplement désolant. Preuve une fois de plus que des enseignants subissent encore des brimades malgré la place qui est la leur dans la chaine du développement national, une place prépondérante. Dans cette perspective, on peut reprendre les mots de Jean Marc ELA comme un défi aux enseignants, celui de « choisir entre faire partie des hommes qui se retrouvent parmi les agents de la transformation d’un monde habitable par tous ou ne pas faire partie de ces gens-là ». Preuve encore du règne de l’impunité ambiant. Seul le corps enseignant est une fois de plus interpellé pour la mobilisation afin de remettre le Cameroun debout. Ce corps enseignant debout, ayant la vérité comme ceinture et justice pour curasse pour rendre le Cameroun habitable pour tous.

Jean Paul SIMO

PLEG Hors échelle de philosophie

Officier des Palmes Académiques

Tél. : 677 750 638

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