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mardi, novembre 12, 2024

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CAMEROUN : L’ETAT SAUVAGE ! ASSASSINAT DE MARTINEZ ZOGO

Ainsi donc, les millions d’auditeurs de la Radio  urbaine ‘’Amplitude FM’’, émettant  de la capitale camerounaise, ne parleront plus de Martinez Zogo qu’au passé.

L’existence du son Chef de Chaîne qui y animait quotidiennement une émission de grande  écoute dénommée « Embouteillages » a été abrégée de manière barbare par une bande de sicaires totalement indifférents à la vie humaine. Ce qui choque le plus la conscience humaine c’est la manière, les circonstances et l’ordonnancement des séquences qui ont débouché sur cette tragédie inqualifiable. Certes, le défunt pratiquait un style journalistique fort apprécié du petit peuple, mais absolument détesté par les gens «  d’en haut en haut » pour emprunter à un néologisme cher au Docteur Aristide Mono. La satire, puisque c’est de çà qu’il s’agit, consiste à décrier publiquement les tares, les manquements et les incorrections des personnes ciblées. On sait que l’actualité au Cameroun se décline, depuis quelques années,  en scandales de tous genres. Les détournements de fonds publics sont légion. La surfacturation est le mode de gouvernance  le plus pratiqué par les gestionnaires des fonds publics. Il faut y ajouter la gestion opaque de certaines lignes spécifiques du budget de l’Etat qui profite à des réseaux de barons qui se constituent comme des trésors de guerre pour attendre certaines échéances.

                                   En attendant le grand soir…

En parlant de ces échéances, outre les joutes électorales qui se préparent, il y a cette atmosphère de fin de règne qui se ressent au sommet de l’Etat, marquée  par les guerres de succession à peine feutrées et le développement  des clans qui se forment et s’arment pour attendre le « grand soir». Le plus grave dans cette situation est que le traditionnel clivage opposition ≠ parti au pouvoir a cédé la place aux  luttes des pontes du même régime qui se sont constitués en clans pour se positionner solidement et attendre l’éclipse du vieux lion.

Comme dans « La succession de WABO DEFO » les princes du même royaume se regardent désormais en chiens de faïence. Chacun fourbit ses armes, recrute des alliés, constitue ses troupes, se ravitaille en munitions et livre une guerre lointaine contre des rivaux potentiels, réels ou supposés. Tout est mis dans ces combats fougueux: diffamations, révélations, attaques mystiques, poison ou même attaques physiques.

Martinez Zogo est-il l’une des victimes de ces batailles qui se livrent au sommet de l’Etat ? Sans nous substituer aux enquêteurs de tous ordres qui sont déjà déployés sur le terrain, une réponse affirmative à cette question n’est pas osée.

La forte médiatisation de ses dernières sorties sur « Embouteillage » donne à constater qu’il y avait pointé du doigt certaines pontes du régime, accusés à tort ou à raison d’avoir siphonné  de nombreux milliards dans les lignes 65 et 94 de notre budget. Et pour qui connaît la barbarie des réactions antérieures des mis en cause, qui jouissent par ailleurs d’une impunité condamnable au sein de la société, la relation de cause à effet est vite établée.

                      Un crime crapuleux

Venons-en au crime lui-même. Un soir du 17 janvier 2023,  au sortir de son service, la victime est prise en chasse par un véhicule de gros calibre. Ayant remarqué cette attitude suspecte, il se dirige naturellement vers une brigade de gendarmerie pour solliciter le secours des forces du maintien de l’ordre. Grande est sa surprise de trouver le portail de ce lieu public de sécurité fermé et de constater  qu’un    lourd silence  répond à ses appels au secours. Bloqué net sur cette voie sans issue, il est capturé par ses bourreaux qui,en spécialistes de la torture, le neutralisent avec le matériel approprié avant de le conduire vers un lieu secret  où le sale boulot est effectué. Il est torturé, mutilé, violé et tué par ceux-là mêmes qui n’avaient d’autres objectifs que de lui administrer  une mort barbare. Ses restes seront jetés dans une clairière dans la banlieue de la capitale, pour être découverts, cinq jours plus tard, après moult appels, dénonciations et recherches,  dans un état de décomposition avancée. L’autopsie confirme en effet cette torture et, pendant que le monde entier dénonce et condamne, il est curieux d’observer les réactions des plénipotentiaires du régime, des suspects et de l’autorité suprême du pays.

Comme à son accoutumée, le Gouvernement a condamné officiellement le crime macabre et a ouvert, comme d’habitude, une enquête officielle. On connaît le sort des enquêtes ayant porté sur les multitudes crimes d’Etat que notre pays a connus. L’opinion publique a lui aussi déjà désigné ses coupables. Mais qui pour les interpeller, les interroger et éventuellement les inculper ?  La famille, les collègues, les corporations, la société civile et l’opinion publique nationale et internationale sont donc sceptiques par rapport à la volonté du gouvernement Camerounais de faire la lumière sur ce crime crapuleux qui vient de s’abattre, une fois de plus, une fois de trop, sur l’un des adeptes de la liberté d’expression et d’opinion au Cameroun.

                              Justice où es-tu ?

Doit-on douter de l’indépendance de la justice Camerounaise ? Doit-on conclure que les pontes du régime ont sacrifié Martinez Zogo à l’autel de leurs luttes de pouvoir ? Face au vertigineux silence que nous opposent Mvomeka, Etoudi et même l’immeuble Etoile sans oublier le parquet général et les autres cours, il faut comprendre  la fougue des ayant-droit du désormais  feu Martinez Zogo et de tous les adeptes d’une libre expansion au Cameroun et dans la diaspora. Tout peut donc arriver comme rien ne peut se passer au Cameroun, à la suite de ce crime inqualifiable. Restons donc sur nos gardes et attendons de savoir si ce énième crime de sang sera la dernière goutte qui va déborder le vase. D’ici là, empruntons cette expression au Foo des Bamendjou, SM SOKOUDJOU Philipe Jean Rameau,  qui a demandé à Martinez Zogo de se ‘’coucher et de ne pas dormir’’, afin que son immortel esprit hante au quotidien ses bourreaux qui ne doivent pas être éternellement dissimulés.

                                                                                               JUNIOR KAMGA

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